Tout au long des années 1850, une fidélité inébranlable aux fusils à chargement par la bouche caractérisait le monde de la chasse britannique. De nombreux chasseurs étaient fiers de leurs baguettes, bourres en papier et des rituels de chargement minutieux qu'ils pratiquaient depuis des générations, considérant le fusil à culasse comme une curiosité continentale éphémère. Le système à broche de Lefaucheux était particulièrement méprisé, les sceptiques le qualifiant de « fusil-béquille français ». Bien que certains reconnaissaient les avantages d’un rechargement plus rapide et l’évitement des déversements accidentels de poudre, l’idée de bouleverser les traditions sportives britanniques au profit d’une nouvelle invention suscitait autant de méfiance que d’enthousiasme.
Malgré cela, quelques armuriers avant-gardistes en Grande-Bretagne adoptaient discrètement les fusils à culasse, comptant sur une fiabilité accrue et la promesse de tirs plus rapides. La véritable question était de savoir si les munitions britanniques pourraient égaler ou surpasser les performances des cartouches à broche françaises bien établies, qui circulaient déjà parmi les chasseurs ayant voyagé à l'étranger. C'est dans ce tourbillon de débats et d'appréhensions que les frères Eley firent leur entrée avec leur propre initiative dans les cartouches à chargement par la culasse.